Article 15: Que la montagne est belle...
Publié le 22 Septembre 2013
Jess à Kashgar, Chine 23 septembre 2013
Monts enneigés de près de 7’000m, moyenne d’altitude à 2’700m, des plaines parsemée de yourtes, un ciel bleu azur, des lacs transparents et des paysages à couper le souffle… Voilà ce qui nous vient en tête lorsque l’on parle du Kirghizistan. Ce pays, encastré entre la Chine, le Kazakhstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan est un paradis pour qui aime la montagne et les espaces sauvages. Ancienne république de l’URSS, le Kirghizistan (ou Kirghizstan, Kirghizie) a obtenue son indépendance en 1991 peu après la chute de l’Union Soviétique.
Nous sommes arrivés à Osh (2ème ville du pays) début septembre et avons découvert une ville forte animée, il faut dire que son célèbre bazar planté au milieu de la ville y est pour beaucoup. Il y a du monde partout, les voitures grouillent et il est difficile de se frayer un chemin. Ah les arrivées en ville ! Cela reste à chaque fois un mélange d’excitation (ouais on va prendre une douche !!) et d’appréhension (on va se perdre et sûrement se prendre une voiture…) mais surtout une bonne source d’engueulades ! Nous profitons un peu de l’auberge et de Baptiste et nos journées sont assez tranquilles (on fait déjà assez de sport comme ça non ?). Nous avons hâte d’emprunter la route préparée avec soin par Alban, qui forme une boucle au sud de la ville pour rejoindre la fameuse vallée d’Alay !
C’est dans la poussière de la piste que nous avons entamé notre avancée à travers les montagnes. La route est mauvaise et il fait chaud. Les camions qui nous dépassent soulèvent la poussière. Comme c’est agréable… Après quelques kilomètres la route redevient plus plaisante et nous nous engouffrons dans une vallée. Au bout, nous savons que notre route débouchera sur une des plus belles vallée du pays, il y a juste un col à 3’600m à passer avant. La route est agréable parsemées de villages ça et là. Nous longeons une rivière magnifique qui nous sert pour nous laver une fois le soir venu. Après 40km dans cet environnement splendide nous nous confrontons à un barrage de militaires. Oups… Dans un anglais approximatif, ils nous demandent un document. « Ben oui mais on ne l’a pas !». Pas de document, pas de passage possible. Nous appelons tout de même l’Ambassade française pour savoir précisément de quoi il s’agit. La zone est interdite car proche d’une enclave ouzbèke, sans ce papier signé par le chef de la police impossible de traverser. Bon… Il y a plus qu’à faire demi-tour. Alban est dégoûté, je sais que cette route lui tenait à cœur, moi je passe au-dessus, il n’y a rien à faire de toute façon. Pour ne pas refaire la même route en sens inverse nous décidons de prendre une camionnette qui nous mènera à Osh. On négocie le prix, ok cela se présente plutôt bien, même si le jeune conducteur croit nous faire plaisir en passant pendant 2h du R’N’B, de la house et autres curiosités musicales à fond la caisse ! Cependant, à la moitié du trajet il s’arrête sur un marché et se met en quête d’un autre véhicule qui puisse nous mener à Osh (il est près de chez lui à ce moment-là et nous pensons qu’il a envie de rentrer). « Il est hors de question pour nous de sortir de ton véhicule, nous avons payé tant pour que tu nous emmènes à Osh tu as dis oui, maintenant on y va ! » Non mais…
Nous emprunterons donc la fameuse route M41 communément appelée la Pamir Highway. 185km de route et 2 cols pour rejoindre Sari-Tash.
En bons touristes, nous nous laissons tenter par une randonnée à cheval à Sari-Mogol, petit village qui fait face au magnifique Pic Lénine (7’134m). A Sari-Tash nous rencontrons Glenn un canadien fou de vélo venu s’éclater pendant 6 semaine dans la région. Nous décidons de nous rendre en Chine avec lui. Départ de bonne heure le 18 septembre, nous avons moins de 80km à avaler pour rejoindre la frontière, ça devrait être facile. Facile, ça ne l’est pas tout le temps, loin de là ! Nous grimpons tout de même à 3'800 mètres….Mais qu’est ce que c’est beau ! D’une beauté à couper le souffle ! On se sent d’un coup tout petit…
Nous avançons bien et la frontière se présente à nous en milieu d’après-midi. Que faire ? Soit on passe sans être sûrs que la frontière chinoise soit ouverte (2h de décalage) ou alors on campe avant et on attend demain matin. Trop hâte d’être en Chine, on décide de tenter. Super, les deux frontières sont ouvertes ! Pour faire compliqué, les chinois ont décidé de mettre leur poste d’immigration à 150km de la frontière et qui plus est nous n’avons pas le droit de traverser cette zone à vélo, il nous faut trouver un camion. Fin de journée oblige, les camions se font rares… « Pas grave, au pire on dort ici et on passe demain matin !? » « Ah non, demain c’est férié pendant 4 jours ! ». Ah, ben on ne savait pas… Donc, d’après les douaniers c’est notre problème, d’après nous c’est le leur, on ne va pas s’en sortir… Heureusement, au bout d’un moment un camion arrive et nous presse pour qu’on charge les vélos, il est à la bourre et veut passer le poste d’immigration avant que ça ferme (vers23h). On roule à fond sur des routes qui semblent avoir vu la fin du monde… Je manque de m’ouvrir le crâne et Alban tombe du camion mais à part ça tout va bien ! On est débarqués au poste à 22h30, on esquive la fouille et on s’en va. Courte nuit dans un parc et dernière étape le lendemain pour rejoindre Kashgar…
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Ce qui nous a frappé au Kirghizistan c’est la jeunesse de sa population ;
Les enfants semblent être partout ! Habituellement ils nous lancent des « Bye-bye » amicaux lorsqu’ils nous voient passer et nous gratifient toujours d’un beau sourire… On ne compte plus le nombre de bicyclettes nous ayant suivi sur quelques mètres !
Nos doudounes n’avaient pas été sorties depuis bien longtemps et elles ont été très utiles ! Même en voyage on reste toujours insatisfaits ! Je me souviens d’avoir attendu le froid avec impatience quand le soleil me brûlait et j’aurais cependant donné n’importe quoi pour un peu de chaleur en haut du col… Nous avons été surpris par des jets de pierres perpétrés par deux personnes différentes. Cela nous a interrogé notamment sur la manière dont les voyageurs à vélo sont perçus dans la région (il faut savoir que c’est dans une des régions les plus empruntés par les cyclos…) et s’ils en avaient pas marre de voir des gens avec des vélos hors de prix et en vacances passer juste devant chez eux…Je me questionne, Alban un peu moins « C’est un con c’est tout ça arrive ! » Quoi qu’il en soit ça n’excuse pas le geste, qui restera d’ailleurs incompris. Nous retournerons sans doute au Kirghizistan car nous restons un peu frustrés du peu de temps passé là-bas. Et puis, un pays dont le drapeau ressemble à une boule de pétanque entourée d’un soleil ne peut être que sympathique !