Article 56: Une arrivée discrète !
Publié le 7 Juin 2015
Alban, à Genève, le dimanche 7 juin.
Je me rends compte que je n'ai pas écrit depuis mon passage à Blois le 8 avril dernier. Presque deux mois sans me poser face à mon écran pour vous donner les dernières nouvelles de cette parenthèse qui a durée un peu plus de deux ans...
Je ne vais pas vous faire ici un compte rendu du voyage, de ce que cela nous a apporté, de la manière dont ça nous a changé ou encore sur le regard que nous portons désormais sur notre "petite" planète qui se visite ma fois assez facilement à vélo! C'est encore bien trop frais dans ma tête pour prendre le recul nécessaire et en faire un bilan. Je vais tout simplement vous raconter comment s'est passé ces derniers jours à vélo, mes difficultés et mes joies ainsi que ces premières semaines depuis que je suis rentré chez moi.
Après quelques soirées arrosées avec la famille et les amiEs, une belle partie de pêche où Quentin a remporté le trophé et quelques interviews aux journalistes présents, je reprends la route le 20 avril pour une dernière ligne droite. Malgré une arrivée programmée pour le 1er mai, le départ est bien plus difficile prévu. La météo est parfaite, les dénivelés quasi inexistants et pourtant chaque coup de pédale me demande un effort inconsidérable. Cette fois-ci, c'est la tête qui pêche et je me rends compte que je n'éprouve aucun plaisir à faire cette dernière droite qui est pourtant bien ridicule comparé à tout ce que nous avons déjà accompli.
Il est vrai que mon passage à Suèvres m'a replongé dans une réalité que j'avais mis de côté au cours du voyage. Revenir ici c'est faire resurgir des souvenirs que j'avais plus ou moins volontairement mis entre parenthèse. Tout un flot de questions se bousculent dans ma tête alors qu'elles n'y étaient pas vraiment invitées. L'acceptation de la perte d'un être cher est un processus long et semé d'embûches même si je touche du bout des doigts la phase de résilience.
Certaines personnes, de part leurs commentaires, m'ont beaucoup fait réfléchir. "Plus que quelques jours et tu retrouves un rythme normal"; ou encore "c'est bientôt le retour à la réalité"... Durant ces deux ans, je n'ai pas eu le sentiment de ne plus faire parti de la société. Et ce qui est normal pour une grande majorité ne l'est pas forcément pour tout le monde. Je pense qu'il est tout à fait possible de concilier voyage et travail. Combien sont-ils sur les routes à enchaîner des petits boulots pour pouvoir continuer à voyager? Est-ce vraiment normal de se lever chaque matin pour rentrer dans le moule d'une société aussi normée?
Ma tête est alors en ébulition. L'appréhension du retour grandie au fur et à mesure que la distance se réduit. Cet état d'esprit est pourtant paradoxal puisque je suis vraiment content de rentrer voir mes proches et de retrouver un nouveau rythme. Après quelques jours de vélo qui me conduisent jusqu'à Nevers, le moral est au plus bas. Pourquoi s'obstiner à pédaler alors qu'il n'y a plus d'envie? Il y a quelques mois, je n'aurais pas pris cette décision et j'aurais sans doute fini cette boucle à vélo. Aujourd'hui, je me rends compte que cela ne sert à rien de forcer et qu'il est parfois préférable de changer ses plans; c'est pourquoi j'accepte assez facilement la proposition d'un couple d'amis pour venir me chercher en voiture et faire d'une traite cette ultime portion.
Mon arrivée sur Genève est alors bien plus discrète que ce que j'avais imaginé. Reprendre ces marques en douceurs et revoir progressivement ses proches est peut être un moyen plus simple pour attérir.
Cela fait désormais un peu plus d'un mois que je suis rentré et malgré le plaisir que j'ai de revoir amiEs et famille, je me sens en quelque sorte happé par la société qui ne me laisse le temps de digérer tranquillement cette aventure. Revenir à Genève c'est être confronté à une quantité impressionnnante de démarches administratives! Une fois résolues, je pourrais prendre le recul nécessaire pour faire un bilan de ces deux ans, organiser une exposition photo et pourquoi pas publier un livre.
En attendant, je souhaite vous remercier de nous avoir suivi, de nous avoir encouragé ou encore accueilli et j'espère que nous avons pu susciter chez vous quelques envies de découvertes et de voyages à vélo! Je remercie également toutes ces personnes qui nous ont aidé sur la route et qui ont rendu cette aventure bien plus humaine que ce que j'aurais pu imaginer. Enfin, je remercie du fond du coeur Jess pour ces deux belles années incroyablement intenses.
A tout bientôt pour de nouvelles aventures !