Article 53: Put°#&/@:( ... de vent!
Publié le 1 Mars 2015
Alban à Roquettes, France - le 1er mars 2015
Comme vous l'aurez compris, le vent ne m'a pas lâché une seconde...
J'ai quitté difficilement Laurie et Thibaut le 23 février pour reprendre la route jusqu'à Narbonne où j'ai pu rejoindre le canal de la Robine, mon premier objectif avant de bifurquer plein ouest. Dès le départ, le vent a redoublé d'efforts pour souffler encore plus fort que les jours précédents. Je pensais que cela allait devenir plus facile une fois que je m'éloignais de la côte, mais non... Toujours ce vent de face qui m'oblige à revoir mes objectifs à la baisse. Avec de telles conditions, je parviens difficilement à faire plus de 60km par jour... Ma moyenne doit être autour des 10km/h alors que c'est plat! Du jamais vu! Et avec des rafales à plus de 100km/h, j'ai l'impression d'être une chaussette sale dans une machine à laver à chaque fois que je me fais doubler par un poids-lourd. Je suis balloté dans tous les sens, jusqu'à être renvoyé sur la chaussée à cause de l'appel d'air...
De plus, les rives des caneaux de la Robine, de la Jonction puis du Midi ne sont pas toujours pratriquables avec le tandem. De nombreuses branches, voir carrement des troncs se trouvent sur les chemins. Les dernières tempêtes ont fait pas mal de dégats dans la région. Sans oublier la boue... Et oui, il n'y a pas que le vent qui pose problème, mais aussi les averses. Elles ne préviennent pas et s'abattent à une vitesse incroyable. Les chemins sont donc transformés en véritable marres de boue. Le vélo chasse continuellemenent et je dois enlever toutes les cinq minutes la terre accumulée entre le garde-boue et la roue. Un vrai moment de bonheur!
J'alterne donc entre le canal et la route. Dans les deux cas, la progression est très difficile. Je ne sais pas si c'est le fait d'être seul ou non mais j'en ai raremenent autant chié pendant le voyage.
Les bivouacs sont tout aussi joyeux! J'essaie tout d'abord de trouver un lieu à l'abri du vent (rien de mieux que les cabanes dans les vignobles). En l'ayant toute la journée dans les oreilles, je suis complètement abruti. J'essaie donc de retrouver un peu de calme... Je dois égalemenent faire attention aux arbres car de nombreuses branches se brisent avec les rafales. Je rentre donc dans ma tente vers 19h et une fois blotti dans mon sac de couchage avec un collant, une polaire un bonnet sur la tête, je m'endore aussitôt!
Et quel est l'intérêt de pédaler alors? Je me le suis demandé... et j'ai même parfois espéré qu'un gars s'arrête à ma hauteur pour me proposer de m'avancer un peu! Mais j'ai la tête dur et malgré cette météo infecte je ne me voyais pas faire du stop. Et puis, après toutes ces difficultés, on apprécie encore plus les bons moments! Une bonne douche, une rencontre, un plat cuisiné...
Mon arrivée à Carcassonne en est un bon exemple. Je rentre dans la ville le 25 février. Il est 16h et je me pause sur la place principale en espérant qu'une personne me propose un toit. Le pari était un peu risqué car sans hôte, je devais reprendre le vélo sur plusieurs kilomètres pour trouver un bivouac, sous la pluie, en dehors de la ville. Un quart d'heure plus tard, Pascale et Hervé, curieux, viennent me poser quelques questions et me proposent très rapidement une chambre! Je passe alors deux jours dans leur belle maison où j'en profite pour visiter le coeur de la cité transformé en temple de la consommation, au grand désarois d'Hervé qui a passé une bonne partie de son enfance dans la cité. Je passe chez eux un excellent moment... Des gens ouverts avec qui je partage énorméments de choses... Cette rencontre me redonne de la force à continuer, à aller toujours plus loin car elle fait partie entière de la tournure que je souhaite donner à ce "tour de France".
Deux jours plus tard, je pose mon vélo chez Jany et Marco à Roquette, un petit village à 20 km de Toulouse. Jany et Marco sont des amis de Marcel, ce cyclo toulousin de 65 ans que nous avions rencontré en Turquie. Marcel nous avait prévenu: "Si vous passez à Toulouse, allez voir mes copains, ils sont supers". C'est qu'il avait raison le Marcel! Et cet accueil... Même après deux ans sur les routes, je suis toujours surpris par la manière dont on m'ouvre la porte. J'ai à chaque fois l'impression d'être un membre de la famille et c'est vraiment touchant.
Malgré la pluie qui ne cesse de tomber, je pense repartir mardi pour retrouver Anaïs et Romain ( des cyclos qu'on avait rencontré en Chine) à Toulouse. Je devrais ensuite me diriger vers Agen puis redescendre sur Auch pour passer quelques jours chez Marlène. Mais ça, ce sera dans le prochain article!
PS: désolé pour la qualité des photos mais le réflex est resté en Espagne!