Article 52: Bellissima
Publié le 20 Février 2015
Alban à Claira - France, le 20 février 2015
14 février, il est 10h30 et je quitte la "Ptite maison" difficilement. Je suis content de reprendre la route même si le départ est toujours un moment particulier.
Depuis Son Servera, je rejoins l'ancien tracé ferroviaire qui me conduit jusqu'à Manacor. Après quelques détours dans la ville pour trouver le bon chemin, je tombe par hasard sur la gare. Le contrôleur m'interpelle pour m'informer qu'il y a un train pour Palma dans 7 minutes, que c'est gratuit et que les vélos sont acceptés! Je ne réfléchis pas bien longtemps... De toute façon, je n'ai pas grande motivation à pédaler.
Quelques heures d'attente et 8 heures de bateau plus tard, je débarque à Barcelone. La route est simple; suivre la côte jusqu'en France.
La Costa Brava... Thibaut m'avait prévenu:" La Costa Brava à vélo... une mission". Naïvement, je pensais qu'il parlait du trafic qui pouvait être dense en période scolaire... mais non! Il faisait référence aux nombreux cols à franchir! C'est une succession de cols sur près de 300km. Cette route côtière est d'ailleurs forte appréciée par les cyclistes. De nombreuses équipes, souvent françaises, me doublent à vives allures. Certaines se mettent dans ma roue pour me poser quelques questions. Avec leurs vélos qui pèsent moins de 10kg, ils hallucinent sur le miens qui doit faire au moins 6 fois le poids, une fois chargé! J'ai même eu droit, de la part de l'un d'entre eux, à une réflexion très profonde: "t'as vu Gérard son vélo? C'est comme quand tu fais l'amour, il y en a un couché et un debout!".... (j'ai bien entendu changé le nom pour ne pas qu'il se reconnaisse). Mais malgré ces dénivelés, je profite des paysages incroyables, des villages préservés et des incontournables comme les ruines d'Empuries, vaste cité grecque et romaine qui datent du IIIe siècle avant J.-C.
Le gros point noir de ces quelques jours c'est le vent. Gravir les cols seul sur un tandem bien chargé avec des bourrasques qui me viennent en pleine face n'est pas des plus agréable. J'ai beau parfois m'énerver rien n'y fait. J'ai l'impression à chaque lacet que l'on me tire en arrière. En descente je suis parfois obligé de pédaler tellement ça souffle. Quand j'en parle aux locaux, ils me répondent juste: " mais non, là c'est calme... il fait beau". Bah oui, vu qu'il y a eu dans la région des vents qui soufflaient jusqu'à 190km/h il y a une dizaine de jours; là c'est forcément calme! Le plus difficile pour moi, c'est que le vent souffle toute la journée et toute la nuit... Pour les bivouacs, les emplacements à l'abri du vent sont difficiles à trouver. Toutes les nuits c'est la même chose. Des bourrasques malmènent la tente vers 3h30 et ça ne cesse jusqu'à ce que je me lève. D'autant plus que les nuits sont bien fraîches maintenant. Réveils compliqués...
Je passe la frontière le mercredi 18 à 12h10! Revenir en France me fait un peu bizarre... Mais je sais que dans quelques heures, je vais enfin pourvoir me reposer chez Laurie et Thibaut qui m'accueillent chez eux.
Après avoir traversé Banyuls-sur-Mer, Collioure, Argelès-sur-Mer..., autant de villes synonymes de vacances lorsqu'on les nomme, j'arrive à la nuit tombée à Claira, petit village au nord de Perpignan.
Laurie et Thibaut, nous les avions rencontré au Laos il y a près d'an. Depuis tout ce temps, nous avons gardé contact, et 8'000km plus tard, je les retrouve chez eux! Il y a des rencontres qui ne s'oublient pas... Je pensais me reposer un peu mais c'est sans compter sur Laurie qui s'improvise guide. Randonnées autour de Vingrau, découverte des gorges de Gouleyrous, balade cotière... Je découvre la région sous un autre angle. J'aime ce côté minéral, ces falaises de calcaire et cette vue sur la Canigou, l'un des sommets mythiques des Pyrénnées Orientales. Aujourd'hui, ce sera la reprise de l'escalade avec Thibaut!
Un très bon moment à leurs côtés qui me redonne la force nécessaire pour reprendre la route.