Article 38: Une arrivée sans sushis (mais avec beaucoup de saké)
Publié le 27 Mai 2014
Alban le 27 mai 2014, à Izu - Japon
19 mai, 10h: dernier emballage pour notre vélo. L'avion est sans doute le moyen de transport le plus stressant pour les cyclos-voyageurs. Bon nombre d'entre-eux ont eu de mauvaises surprises au moment de récupérer leurs paquets... Avec beaucoup d'appréhension, nous récupérons notre tandem à Tokyo après 7h de vol, et il est intact! Nous pouvons désormais souffler et nous poser sur un parking afin de tout remonter. Il est déjà 2h du matin lorsque nous sommes fin prêts à reprendre la route, mais l'idée de traverser sur 30km la banlieue de Tokyo sans carte ni GPs nous fait froid dans le dos. On s'installe alors sur les banc de l'aéroport qui sont, ma foi, assez confortables! Dès 7h le lendemain, nous reprenons la route après 15 jours d'arrêt. Nous retrouvons Lucy, Mathieu et leurs deux enfants, des amis genevois qui ont réservé un minuscule appartement de 15m2 dans le quartier de Roppongi. C'est "chez eux" que nous passerons ces quelques jours dans la capitale.
Tokyo est tout d'abord une ville silencieuse. Pas un seul coup de klaxon en 4 jours... La majorité des hommes portent un costard tandis que les femmes essaient tant bien que mal de tenir en équilibre sur leurs talons aiguilles. Comme on s'y attendait, Tokyo est une ville très chère, parfois plus chère que Genève... Difficile de tenir un budget dans ces conditions d'autant plus que tout est tentant! Il y a tout d'abord les restaurants. Dans certains établissements il faut parfois payer jusqu'à 1'000¥ (soit environ 10$) rien que pour avoir le droit de s'asseoir mais en cherchant un peu, il est possible de pouvoir s'intaller gratuitement. Un jour, en nous dirigeant vers le musée d'art contemporain (il pleuvait), nous nous sommes arrêtés par hasard dans un restaurant sans vraiment savoir à quoi nous attendre. Impossible de voir à travers leurs magnifiques portes coulissantes d'un verre opaque. Nous nous installons à une table où une énorme plancha est insérée au milieu. La carte ? Elle est en japonais bien sûr! Et personne ici ne parle anglais. Nous commandons alors trois plats au hasard. Le cuistot revient alors avec deux énormes saladiers et nous fera un mélange de tout ça avec des sortes de truelles! Un vrai délice... Impossible de vous dire ce qu'il y avait dedans où ce que ça pouvait être. De nouvelles saveurs, de nouvelles textures se mélangent dans nos palais qui en redemandent!
Tokyo, c'est également le saké... et fêter son anniversaire dans le ville aux plus de 13 millions d'habitants vous donne une bonne excuse de vider quelques bouteilles! Mais je n'ai plus 20 ans (Jess non plus d'ailleurs) et les lendemains sont plus difficiles... Nous découvrons également une nouvelle forme de toilettes. Après le Kirghizistan où les toilettes se trouvaient toujours à l'extérieur ou encore en Chine où toilettes turques étaient communes, nous voilà transportés dans un monde futuriste où il y a presque plus de boutons sur les cuvettes que sur votre télécommande! Siège chauffant, musique intégrée, jet rince-fesses, bidet, pq et savons à volonté... que de bonnes excuses pour y rester des heures avec un bon bouquin!
Pendant ces quatre jours sur place, nous avons aimé flaner dans les différents quartiers malgré une météo capriceuse. Après plus de trois mois sous 40°C, nous avons du mal à nous adapter. Il pleut souvent, il y a du vent et les températures ne dépassent pas les 20°C (heureusement qu'il y a le saké pour se réchauffer).
Après cette courte pause, il est temps de reprendre la route... et notre porte-feuille nous en remercie. Nous faisons une nouvelle nuit à l'aéroport afin de se faire la banlieue en deux étapes. Les deux premiers jours ne sont pas extraordinaires. Même si tout est nouveau pour nous (de la forme des voitures à l'architecture des maisons), les zones constructibles au Japon sont le plus souvent très denses. Il y a tellement de routes ici en comparaison aux pays précédents qu'il est bien difficile de s'y retrouver. Avec quelques détours, nous parvenons finalement à Atami, qui marque le début de notre première boucle: la péninsule d'Izu. Véritable bouffée d'oxygène pour les tokyotes, Izu est considérée comme le petit paradis hawaïen du Japon. La péninsule est en effet particulièrement connue pour les nombreux spots de surf. Mais avant de voir nos premières vagues, nous découvrons tout d'abord les montagnes. Le Japon est loin d'être une destination reposante et on s'en rend compte très rapidement. Chaque ville, espacées d'une vingtaine de kilomètres chacune, se trouve sur les bord de la mer ouverte de Sagami. Entre elles, il y a bien sur une belle montagne à gravir! Des montées, des descentes et un gros vent de face... Que demander de plus pour la reprise?!
Malgré ce que nous avons pu entendre sur la possibilité de camper au Japon, nous sommes pour l'instant agréablement surpris. Trois bivouacs de suite sans jamais avoir été délogés. Le plus souvent, nous essayons de dormir dans un parc, à l'abri d'un toit quand le ciel est vraiment trop menaçant. Ce qu'il y a de bien dans les parcs japonais, c'est qu'il y a tout le confort, avec des toilettes et des points d'eau un peu partout. Retrouver de l'eau potable est un véritable bonheur. J'imagine qu'il est difficile de s'en rendre compte comme ça mais pour nous, ça nous change énormément. Après plus de 7 mois à devoir acheter notre eau, pouvoir se servir à même le robinet est un vrai plaisir.
Pour l'instant, nous avons encore très peu de contact avec les locaux. Très peu ici parlent anglais et notre japonais ... c'est du très basique! Mais on ne s'en fait pas, ça va venir progressivement.
Pour vous donner une petite idée de notre bivouac ce soir, je vais essayer de vous le décrire. Après seulement 16km ce matin, une pluie fine et glaciale se met à tomber. On décide alors de s'arrêter au Hanna café, le bar des surfeurs, afin de profiter de cette pause inattendue pour recharger notre ordinateur, piles... En face de nous, une plage énorme où une cinquantaine de surfeurs attendent, assis sur leur planche, de pouvoir prendre une vague. Vu que le café n'est qu'à 100¥ (1$) ici, ce qui tient du miracle, on décide d'y rester un peu plus longtemps que prévu et donc, de profiter de ces quelques heures assis au chaud pour écrire un nouvel article.
Nous allons désormais installer notre bivouac sur la plage en profitant des dernières lueurs pour regarder ces dompteurs de vagues.